{"id":616,"date":"2018-06-12T09:51:14","date_gmt":"2018-06-12T07:51:14","guid":{"rendered":"http:\/\/dantz.eu\/?p=616"},"modified":"2018-07-13T10:41:51","modified_gmt":"2018-07-13T08:41:51","slug":"sama-et-deena-ou-comment-le-monde-arabe-vit-son-printemps-techno","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/2018.dantz.eu\/sama-et-deena-ou-comment-le-monde-arabe-vit-son-printemps-techno\/","title":{"rendered":"Sama et Deena ou comment le monde Arabe vit son Printemps techno"},"content":{"rendered":"
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La premi\u00e8re vient de Ramallah, Palestine. Elle a appris \u00e0 se lib\u00e9rer en devenant une des meilleures djettes de la sono mondiale 2018. La seconde est Tunisiennen, bient\u00f4t \u00e0 l’affiche du festival We Love Green. <\/strong><\/p>\n

C’est elle qui a amen\u00e9 la d\u00e9flagration des BPM’s en plein Printemps Arabe jusqu’\u00e0 devenir une r\u00e9f\u00e9rence de la techno actuelle. Sama et Deena Abdelwahed n’avaient jamais \u00e9chang\u00e9 ensemble. Ni de la fonction de leur musique dans un monde de plus en plus difficile, ni de leurs racines, ni de la place des femmes dans les pays Arabes. Deuxi\u00e8me \u00e9pisode d’une discussion au sommet.\u00a0<\/strong><\/p>\n

Vous parlez beaucoup de l\u2019\u00e9tat dans lequel se trouve le monde actuel, et, en particulier, vos pays d\u2019origine, mais est-ce que le clubbing et la techno peuvent servir d\u2019exutoire\u00a0? <\/strong><\/p>\n

Sama : <\/strong>En tout cas, \u00e0 l\u2019\u00e9vidence, \u00e7a marche sur moi ! J\u2019aimerais vraiment que ma techno ait le m\u00eame effet sur le public. La musique a toujours eu cet effet d\u2019\u00e9chappatoire, mais je le sens plus dans la techno. Pourquoi\u00a0? C\u2019est un genre qui n’est dict\u00e9 ni par des mots, ni par un beat, ni par une gamme, ni par une tonalit\u00e9. Et la cons\u00e9quence c\u2019est \u00e7a\u00a0: ressentir ce vide absolu, se perdre dans le son et l\u2019espace et \u00eatre enfin soi-m\u00eame. Apr\u00e8s, malheureusement, cette sensation de libert\u00e9 totale ne va durer que le temps d\u2019une soir\u00e9e. D\u00e8s que les lumi\u00e8res se rallument et que le DJ coupe le son tout le monde sort puis repart faire semblant.<\/p>\n

Deena : <\/strong>Parfois, un set techno me fait penser \u00e0 une r\u00e9union des \u201cAlcooliques Anonymes\u201d. En tout cas il ne fonctionnera jamais comme un concert. Tu es l\u00e0, tu peux \u00eatre dans ton monde mais tu peux aussi discuter avec les gens qui t\u2019entourent, d\u00e9battre, d\u00e9noncer. Les sets electro sont avant tout des moments de libert\u00e9. Pour te d\u00e9fouler et tout ext\u00e9rioriser, il n\u2019y a pas de meilleur rendez-vous.<\/p>\n

Votre musique n\u2019est pas seulement divertissante et il vous arrive de le dire en interview. On sent un engagement militant derri\u00e8re certaines tracks. Rien que le nom de ton dernier EP Deena, \u201cKlabb\u201d qui signifie \u201crage\u201d en arabe, est assez explicite… <\/strong><\/p>\n

Deena : <\/strong>Evidemment, que je veux que ma musique sonne la plus revendicative possible. Et la plus pointue aussi. J’ai tellement de choses \u00e0 dire, de messages \u00e0 faire passer et de sujets qui me tourmentent. L’activisme, c\u2019est aussi en parler et quoi de mieux que la musique pour \u00e7a ? Je me consid\u00e8re parfois comme ces alarmes qui \u00e9nervent, qui titillent l\u2019esprit, j’essaye de produire des sons lourds et oppressants afin que le public puisse ressentir physiquement la situation catastrophique dans laquelle certaines personnes se trouvent. J’exag\u00e8re m\u00eame. Apr\u00e8s, il m\u2019arrive aussi de passer des musiques l\u00e9g\u00e8res qui apportent du groove et donnent envie de danser. Un ph\u00e9nom\u00e8ne qui derni\u00e8rement m\u2019a fascin\u00e9e, sont les gens qui, pour pouvoir immigrer, pr\u00e9tendent tomber amoureux d’un Europ\u00e9en ou d’une Europ\u00e9enne. Un amour opportuniste. J\u2019hallucine de voir que l\u2019on vit dans une \u00e9poque o\u00f9 m\u00eame l’amour n’est plus gratuit, n’est plus pur.<\/p>\n

Sama : <\/strong>Pour \u00eatre honn\u00eate j\u2019essaie toujours au maximum de s\u00e9parer la politique de la musique. Mais parfois c\u2019est plus fort que moi, l\u2019envie de prendre position \u00e0 travers la musique me rattrape. Ca m\u2019est d’ailleurs arriv\u00e9e r\u00e9cemment, quand j\u2019ai re\u00e7u une invitation pour mixer \u00e0 Tel-Aviv alors que je ne reconnais ni ce pays, ni sa capitale. Ce n\u2019est pas une question de religion. Isra\u00ebl continue d’oppresser le peuple palestinien, repr\u00e9sente une id\u00e9ologie avec laquelle je suis en d\u00e9saccord total, je ne me vois donc pas accepter leur visa, qu’ils me donneront juste pour les divertir, soyons honn\u00eates.<\/p>\n

Appel \u00e0 la pri\u00e8re<\/strong><\/p><\/blockquote>\n

Vous semblez avoir un avis bien tranch\u00e9 sur la situation politique de vos pays respectifs… <\/strong><\/p>\n

Sama :<\/strong> M\u00eame si on a bien encha\u00een\u00e9 les conneries, on remarque une r\u00e9elle prise de conscience et beaucoup plus de transparence. Les gouvernements ne peuvent plus rester silencieux, ils vont devoir prendre position les uns apr\u00e8s les autres. Beaucoup ont d’ailleurs refus\u00e9 d’aller \u00e0 la c\u00e9r\u00e9monie d’ouverture de l’ambassade am\u00e9ricaine. Selon moi c\u2019est un pr\u00e9alable encourageant\u2026 Faire l\u2019autruche n’a jamais \u00e9t\u00e9 la solution \u00e0 rien. J\u00e9rusalem a toujours \u00e9t\u00e9 aux Isra\u00e9liens, elle n’a jamais \u00e9t\u00e9 notre capitale. Preuve en est, nous ne sommes pas autoris\u00e9s \u00e0 y aller. Maintenant, c\u2019est \u00e0 nous de d\u00e9cider si nous voulons continuer \u00e0 nous battre les uns les autres ou si nous leur laissons la ville enti\u00e8re. Qu\u2019on en finisse… Et ce nuage de fum\u00e9e commence enfin \u00e0 se dissiper. La glace a \u00e9t\u00e9 bris\u00e9e. Gr\u00e2ce \u00e0 qui ? Trump ! En deux secondes, le bonhomme a r\u00e9gl\u00e9 toute cette histoire en se ramenant comme une fleur pour annoncer son soutien \u00e0 Isra\u00ebl. En y repensant, j’adore cet homme… Il est si peu compliqu\u00e9 ! Il passe \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision et dit tout ce qui lui passe par la t\u00eate. Il repr\u00e9sente si bien l\u2019Am\u00e9ricain, toujours \u00e0 vouloir \u00e9pater la galerie. Gr\u00e2ce \u00e0 lui, nous voyons d\u00e9sormais le vrai visage du peuple am\u00e9ricain. Tous ont toujours bomb\u00e9 le torse, revendiquant \u00eatre une terre de libert\u00e9, une nation \u00e0 l’esprit ouvert… Non, non, vous \u00eates juste un pays de Rednecks compl\u00e8tement fous, \u00e0 l’image de votre pr\u00e9sident.<\/p>\n

Deena : <\/strong>En Tunisie, je consid\u00e8re que la R\u00e9volution arabe n\u2019a pas apport\u00e9 tant de choses. Mais je ne m\u2019en \u00e9tonne pas pour autant. Des bouleversement comme celui qu\u2019a connu mon pays demandent du temps. Ce n\u2019est pas du \u201cvite fait, bien fait\u201d. Pourtant, c\u2019est le jour et la nuit : une meilleure libert\u00e9 d\u2019expression, libert\u00e9 de pol\u00e9mique…. Certes, la population tunisienne fatigue, mais tous sont courageux et veulent aller au bout de cette m\u00e9tamorphose. Quand je pense qu\u2019avant, tu disais une chose de travers et tu disparaissais. Ce que l\u2019Egypte est toujours en train de vivre actuellement. Attention, il ne faut pas croire non plus que la Tunisie est devenu un monde de \u201cbisounours\u201d. On observe encore parfois des moments de censure. Comme lorsque le DJ britannique Dax J<\/a> a mix\u00e9 l\u2019appel \u00e0 la pri\u00e8re et a \u00e9t\u00e9 condamn\u00e9 \u00e0 un an de prison. Nous \u00e9tions dans une p\u00e9riode \u00e9lectorale, le maire de Hammamet, Raouf Jabnoun<\/a> ne pensait qu\u2019\u00e0 sa popularit\u00e9 et voulait se montrer strict. M\u00eame si j\u2019ai trouv\u00e9 cette affaire totalement absurde car ce festival \u00e0 Hammamet est un peu le Ibiza de Tunis. Vous ne trouverez que des hypocrites qui font le ramadan mais qui boivent comme des trous. Bien entendu que \u00e7a ne leur a pas plu d\u2019entendre l\u2019appel \u00e0 la pri\u00e8re, \u00e7a renvoyait leur \u201cp\u00each\u00e9\u201d \u00e0 la figure. Il les a bien eu quand m\u00eame\u2026<\/p>\n

A vous deux, on pourrait croire que l\u2019\u00e9lectro est devenu la r\u00e9f\u00e9rence en terme de culture musicale arabe\u2026 <\/strong><\/p>\n

Sama :<\/strong> Non, il ne faut pas exag\u00e9rer. La musique traditionnelle arabe reste un pilier de notre patrimoine musical et j\u2019ajouterais aussi le Hip-Hop avec le rap. La Palestine abrite \u00e9norm\u00e9ment de rappeurs. Le groupe DAM a \u00e9t\u00e9 le premier avec Tamer Nafar<\/a>, qui maintenant enseigne le hip-hop et le rap \u00e0 la population lambda. Plus r\u00e9cemment, j\u2019ai mont\u00e9 un projet au c\u00f4t\u00e9 de sept artistes, appel\u00e9 \u201cElectrostine\u201d. Un fait de la musique chaabi, un fait de la dub, deux rappent, un autre fait de la percussion et de la basse, je mixe et un dernier am\u00e8ne l\u2019univers pop. Nous avons organis\u00e9 une r\u00e9sidence qui a dur\u00e9 deux semaines, o\u00f9 l\u2019id\u00e9e \u00e9tait d\u2019utiliser les musiques traditionnelles palestiniennes pour ensuite les remixer et proposer quelque chose de nouveau.<\/p>\n

Deena: <\/strong>A Tunis, c\u2019est tr\u00e8s l\u00e9ger. On ne peut pas dire que la Tunisie soit tr\u00e8s underground, pas au sens artistique en tout cas. En France, \u201cunderground\u201d sous-entend \u201cexp\u00e9rimental\u201d. En Tunisie, tout ce qui est underground repr\u00e9sente les musiciens ou lieux de f\u00eates qui n\u2019ont pas la permission de la police ou de la mairie. Mais musicalement parlant, rien de tr\u00e8s novateur.<\/p>\n

En quoi \u00e7a fait partie de notre culture ?<\/strong><\/p><\/blockquote>\n

Sama, toi qui est originaire de Ramallah, comment as-tu grandi en Palestine en tant que femme ? <\/strong><\/p>\n

Sama :<\/strong> Honn\u00eatement\u00a0? Avec \u00e9norm\u00e9ment de chance ! Comme toute petite fille qui a un grand-fr\u00e8re, je voulais tout le temps faire les m\u00eames choses que lui. Et \u00e0 chaque fois, on me sortait : \u00abNon, tu ne peux pas faire \u00e7a, tu es une fille\u00bb<\/em>. Ce genre de r\u00e9flexion mon cerveau n\u2019a jamais r\u00e9ussi \u00e0 int\u00e9grer. J\u2019ai eu aussi la chance d\u2019avoir des parents qui se sont toujours battus contre la discrimination des genres. Si je m\u2019affirme autant aujourd\u2019hui, c\u2019est en grande partie gr\u00e2ce \u00e0 eux. Je me souviens que lorsque j’\u00e9tais petite, je voulais \u00eatre footballeuse, m\u00e9canicienne… Le regard des autres n\u2019\u00e9tait pas malveillant, mais tous ont naturellement fini par me surnommer \u00abp’tit mec\u00bb. Je me rappelle aussi que mes amies refusaient de fumer en public, sous pr\u00e9texte que nous \u00e9tions des filles. C’est compl\u00e8tement absurde, non ? Heureusement, le temps et notre g\u00e9n\u00e9ration ont progressivement ouvert les esprits. Preuve en est, lorsque j’allais \u00e0 l’\u00e9cole, gar\u00e7ons et filles portaient tous pantalon et blazer, \u00e0 la diff\u00e9rence que les filles devaient se rev\u00eatir d\u2019une esp\u00e8ce de longue robe… Je n\u2019avais que 6 ans, il \u00e9tait pourtant hors de question que je porte une jupe. Avec deux autres enfants du m\u00eame \u00e2ge, nous sommes entr\u00e9s en r\u00e9sistance. On n’a pas arr\u00eat\u00e9 de se faire virer de l’\u00e9cole, jusqu’\u00e0 ce qu’ils cessent ce dress code ridicule. Il pensait qu’\u00e0 chaque expulsion, nous allions retenir la le\u00e7on. C’est finalement eux qui l’ont retenue.<\/p>\n

Maya Jribi, une ic\u00f4ne du militantisme tunisien nous a r\u00e9cemment quitt\u00e9. Deena, quel impact a eu cette femme dans ta vie ?\u00a0\u00a0 <\/strong><\/p>\n

Deena : <\/strong>C\u2019est une grande perte et \u00e7a m\u2019attriste \u00e9norm\u00e9ment. Comme beaucoup, je suivais avec beaucoup d\u2019attention ce qu\u2019elle faisait. Elle \u00e9tait un vrai mod\u00e8le pour la jeunesse tunisienne. Elle a construit au c\u00f4t\u00e9 d\u2019Ahmed N\u00e9jib Chebbi<\/a> le Parti D\u00e9mocratique Progressiste, un des partis d\u2019opposition \u00e0 Ben Ali, qui \u00e0 l\u2019\u00e9poque consumait notre pays. Difficile de d\u00e9crire cette personne, si ce n\u2019est de dire que c\u2019\u00e9tait une femme incroyable. Une des seules qui a pos\u00e9 le poing sur la table, qui s\u2019est battue sans faire de consensus avec ces connards d’Islamistes. Et malheureusement, eux sont encore en vie…<\/p>\n

Avec ton titre \u201cEna Essbab\u201d<\/em> Deena, la communaut\u00e9 LGBT semble prendre une place importante dans ton univers musical\u2026 <\/strong><\/p>\n

Deena : <\/strong>Oui, j\u2019ai notamment un titre qui est ax\u00e9 sur la question du genre, du masculin toxique. Lorsqu\u2019on mentionne la cause LGBT, on pense tout de suite \u00e0 la femme. Je voulais parler de la condition masculine et ses pr\u00e9jug\u00e9s, comme ceux par exemple qui sont consid\u00e9r\u00e9s comme gays parce qu\u2019ils sont eff\u00e9min\u00e9s. Je parle malgr\u00e9 tout de la femme, avec l’id\u00e9e que si une femme est active, on va imm\u00e9diatement l’appeler \u201cmon fr\u00e8re\u201d… Je n\u2019ai pas encore abord\u00e9 les r\u00e9elles questions LGBT, si ce n\u2019est un petit clin d’\u0153il sur le test anal en Tunisie, o\u00f9 je me suis arm\u00e9e d\u2019une punchline<\/em>. Apr\u00e8s, il est hors de question d\u2019en parler n\u2019importe comment, car \u00e7a reste un sujet sensible en Tunisie. L\u2019homosexualit\u00e9 est condamnable et tu peux encore \u00e0 tout moment \u00eatre poignard\u00e9 chez toi, dans la rue ou dans un lieu public. D\u2019ailleurs, pour comprendre ce qu\u2019est l’homosexualit\u00e9, je me suis rendue sur des forums et des sites d\u2019associations palestiniens !<\/p>\n

Sama : <\/strong>\u00c7a ne m\u2019\u00e9tonne pas car il y a une grande communaut\u00e9 LGBT. Peu de gens le savent mais la Palestine est le seul pays arabe o\u00f9 \u00eatre homosexuel n’est pas ill\u00e9gal. Pourquoi ? Parce que les lois palestiniennes n’ont jamais \u00e9t\u00e9 renouvel\u00e9es depuis l’empire Ottoman. A cette \u00e9poque, personne ne se pr\u00e9occupait de l’homosexualit\u00e9. Rien d\u2019\u00e9tonnant donc, de voir en Palestine des gens faire ouvertement leur coming-out ! Lorsque j’\u00e9tais petite, la discr\u00e9tion \u00e9tait de mise. Aujourd\u2019hui, l’organisation Al-Qaws (\u00abarc-en-ciel\u00bb en arabe) qui travaille et d\u00e9fend les droits LGBT, organise des soir\u00e9es queer et gay une fois par mois dans le quartier sud de Tel-Aviv. Beaucoup viennent de Ramallah et chacun \u00e0 sa technique pour pouvoir p\u00e9n\u00e9trer le territoire isra\u00e9lien. De toute fa\u00e7on, il est toujours plus difficile de rentrer que d’en sortir… Ce qu\u2019il faut savoir, c\u2019est que la Palestine voit la vie priv\u00e9e avec \u00e9norm\u00e9ment de pudeur. De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, il est interdit de s’afficher publiquement, qu’on soit gay ou h\u00e9t\u00e9ro.<\/p>\n

En tant que pionni\u00e8res techno pour vos pays respectifs comment est-ce que vous voyez le futur de la musique \u00e9lectronique ?\u00a0<\/strong><\/p>\n

Sama :<\/strong> Si j’ai bien remarqu\u00e9 quelque chose, c’est que la techno n’est plus r\u00e9serv\u00e9e aux soir\u00e9es \u00e9lectro. J’ai \u00e9t\u00e9 derni\u00e8rement invit\u00e9e \u00e0 mixer pour l’association culturelle Al-Kamandjati, un genre de \u00abconservatoire\u00bb palestinien. Je me suis embrouill\u00e9e avec le fondateur Ramzi Aburedwan, violoniste alto. Lorsque je l’ai rencontr\u00e9, il m’a demand\u00e9 : \u00abPourquoi des gens paieraient pour voir une fille en train de boire et mixer de la techno? \u00c7a ne fait pas partie de notre culture\u00bb<\/em>. Je lui ai r\u00e9pondu : \u00abAh ouais? Vous, vous enseignez la musique classique dont Beethoven et Bach. En quoi \u00e7a fait plus partie de notre culture?\u00bb<\/em> Finalement, la musique ne d\u00e9pend pas d’une culture, elle est universelle et appelle \u00e0 des sens dont on ignore l’existence. Mon but n\u2019est pas d’utiliser la musique pour communiquer ma culture mais d\u2019\u00e9largir le public techno. Ma m\u00e8re appr\u00e9cie la techno maintenant, c’est d\u00e9j\u00e0 une victoire ! Longtemps, la musique nous servait \u00e0 pleurer les disparus ou chanter la r\u00e9volution. C’est sympa aussi de d\u00e9couvrir que la musique est parfois sans objectif. C’est ce qui s’est pass\u00e9 lorsque je suis all\u00e9e au Liban. Mes parents m’ont envoy\u00e9 l\u00e0-bas car il voulait que je m\u2019\u00e9panouisse sans la guerre. C’est \u00e0 Beyrouth que j’ai pu m’\u00e9vader musicalement et que j’ai tout oubli\u00e9… Donc, \u00e0 mon tour, si je peux participer \u00e0 ce genre d’\u00e9mancipation, mission accomplie<\/p>\n

Deena :<\/strong> Selon moi, on n\u2019arr\u00eatera de diviser la musique \u00e9lectronique en sc\u00e8ne nationale. Je pense que tout sera m\u00e9lang\u00e9. Je l’esp\u00e8re ! Il faut ouvrir les fronti\u00e8res, oublier cette notion de nationalit\u00e9 et de patriotisme<\/p>\n<\/div>\n<\/article>\n<\/section>\n

Source: http:\/\/www.greenroom.fr\/122512-122512\/<\/a><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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