don–ss | Abu 30-31 Ago & Ira 1 Sept 2018 Tabakalera | Gazteszena | Clubs
Dantz Festival
Musika Garaikide eta Elektronikoaren Topagunea
Contemporary & Electronic Music Meeting
Encuentro de Música Electrónica y Contemporánea

Nathan Fake ressort de l’ombre avec son nouvel album «Providence»

Orfèvre de la musique électronique, célébré au début des années 2000 comme le renouveau de la scène anglaise avec son compatriote James Holden, Nathan Fake nous revient aujourd’hui avec un quatrième album dans lequel ses volutes d’IDM et d’ambient s’enrichissent d’une couche émotionnelle de nouvelle envergure.

Né à Norfolk en 1983, Nathan Fake cultive depuis ses débuts une musique électronique à la fois onirique et mentale, s’entichant d’envolées post-rock et shoegaze, avec une touche uptempo reprenant souvent des structures de la techno minimale et de la house progressive. S’ouvrant d’abord les portes des clubs avec des maxis comme « Outhouse » ou « Dinamo » et le tube « The Sky Was Pink » (et surtout son remix par Holden), il délaissera peu à peu cet univers ensuite. A la sortie de son premier album « Drowning in a sea of love » en 2006, il déclare déjà : « Je préfèrerais être reconnu pour mes productions non-dancefloors ».

Chemin faisant, il s’engage dans une voie d’expérimentations jusqu’en 2012, année de la parution de son troisième album qui l’entraîne dans une tournée éreintante à travers le monde, l’empêchant de composer de nouvelles productions. L’anglais nous livrera tout de même un remix percutant du titre « Crowl’s Garden » de Clark et un très bel EP baptisé « Glaive ». Mais lui-même déclare aujourd’hui avoir été victime du syndrome de la page blanche à son retour. A cela s’ajoutent des événements personnels qui exacerbent son blocage créatif. « Je n’ai composé aucun morceau pendant deux ans » explique Fake à Mixmag. « En réalité, il y eu, grossièrement, une pause de trois ans. »

Providence est le résultat et la sortie de cette période prolongée d’inactivité. Pendant toute la première moitié de 2016, Nathan Fake enregistre l’album dans son home studio, retrouvant peu à peu l’envie de composer, avec une vigueur renouvelée. Le message d’annonce qu’il poste sur sa page Facebook décrit le projet comme « la musique la plus réelle et vivante » qu’il ait jamais produite. Dans une interview accordée à Skiddle, le producteur révèle sa joie de rejoindre le label Ninja Tune avec ce nouveau projet : « Après le remix que j’ai fait pour eux d’un morceau de Dorian Concept, ils m’ont dit vouloir écouter toutes les choses sur lesquelles je travaillais […] C’est incroyable d’être sur un label comme Ninja, j’ai le sentiment que c’est une étape très importante. »

En somme, une nouvelle étape de sa vie s’entrouvre désormais à nos esprits, en douze titres enchaînés les uns aux autres avec une inventivité folle. Un premier single était paru sur les ondes en novembre dernier, « DEGREELESSNESS » en collab’ avec Prurient – aussi connu sous le pseudo Vatican Shadow pour ses productions techno/noise frontales et sa casquette de patron du label Hospital Productions. Le morceau tisse des nappes cristallines, sur lesquelles viennent se déposer des beats polymorphes et des vocaux lourdement distordus, nous emportant dans une spirale mélodieuse de huit minutes.

Autre (et dernière) collaboration sur Providence, la chanteuse Raphaelle sur le titre « RVK », déroulant sa voix sur une décharge aphrodisiaque d’IDM. Des drones se glissent sur tout l’album, notamment dans le morceau « Radio Spiriworld ». Et si la première partie de cet ensemble semble plus harmonieuse, comme l’inarrêtable montée synthétique de « HoursDaysMonthsSeasons », la seconde, dès « unen » se fait davantage expérimentale et abstraite. Le premier et le dernier titre, « Feelings 1 » et « Feelings 2 », ne sont pas sans rappeler des sonorités de l’album « Incunabula » d’Autechre. Et si le patrimoine artistique qu’il doit à Aphex Twin et Boards Of Canada est toujours présent, Nathan Fake inaugure ici une nouvelle phase, délaissant son héritage rock au profit d’une large palette d’expérimentations modulaires.

Providence est une vaste architecture sonore, à la fois complexe et directe, intriquée de mélodies évolutives et d’une palette musicale lumineuse et aérienne. On y pénètre sans vraiment savoir vers où on va être emmenés. Les couches s’enlacent et s’empilent dans une suite de mélodies extatiques. Pas de doute, Nathan Fake a encore de nombreuses choses à nous raconter et le syndrome de la page blanche n’aura été qu’une passade des sa vie créative, du moins on l’espère grandement.

Source: https://www.beyeah.net/longues/nathan-fake-providence/